1917

MEILLEUR RÉALISATEUR et MEILLEUR FILM DRAMATIQUE • GOLDEN GLOBES 2020

1917, en pleine guerre des tranchées, deux jeunes soldats britanniques, Schofield et Blake, doivent passer « de l'autre côté ». Leur objectif : prévenir un bataillon situé en territoire ennemi que l'attaque prévue le lendemain est un piège qu'il faut éviter à tout prix car elle promet d'être un véritable massacre... L'argument massue pour leur donner le courage d'affronter cette mission impossible : le frère de Blake fait partie dudit bataillon. Ainsi, les deux jeunes bleus s'élancent, tremblants, vers l'inconnu hostile...

La virtuosité du film et son incontestable réussite reposent essentiellement sur son choix esthétique ambitieux : raconter cette histoire en seulement deux longs plans-séquence. 1917 est ainsi une immersion totale dans la grande Histoire, à l'échelle de ceux qui l'ont vécue les deux pieds dans la boue. La peur viscérale est filmée à hauteur d'homme et crée beaucoup d'émotions et d'empathie pour ces deux anti-héros, propulsés au cœur d'un conflit incompréhensible. S'il faut saluer la prouesse technique incroyable – et totalement réjouissante – d'un film en costume avec beaucoup de figurants, des décors en mouvements et des effets pyrotechniques sans aucune fausse note, le film est aussi et surtout une critique acerbe contre l'absurdité d'une guerre qui a envoyé des milliers d'hommes mourir pour des médailles. Ajoutons que la réalisation en plan-séquence produit un effet de suspense en soi : le temps est compté aux deux personnages et nous, spectateurs, le partageons minute après minute.

American beauty, le premier film de Sam Mendes, avait remporté cinq Oscars, dont celui du meilleur film. C'était il y a vingt ans. En 2020, parions que 1917 sera également largement récompensé : ce serait amplement mérité.