200 MÈTRES

Mustafa, Salwa et leurs trois enfants pourraient être une famille tout à fait ordinaire. Le contexte de leur vie en a décidé autrement : le mur érigé pour séparer Israéliens et Palestiniens se dresse également entre Mustafa et les siens. Salwa, qui a la nationalité israélienne, vit avec les enfants d'un côté alors que Mustafa vit avec sa mère de l'autre, à seulement deux cent mètres. Cette distance est devenue si difficilement franchissable qu'elle en paraît cent fois plus : pour pouvoir aller voir sa famille, Mustafa doit passer par les checkpoints et avoir un permis de travail en bonne et due forme. Alors qu'il a justement un problème de papiers, il apprend que son fils a un accident et est hospitalisé. Il ne lui reste qu’un choix : trouver un moyen pour traverser clandestinement la frontière. Accompagné d'autres voyageurs, tout comme lui déterminés à passer de l'autre côté, Mustafa se lance dans un périple incertain et risqué.

Pour décrire la situation absurde subie par ses compatriotes, Aymeen Nayfeh construit un film palpitant, à la croisée des genres. Empruntant autant à la chronique familiale qu'au thriller, 200 mètres prend la forme d'un huis clos – plusieurs personnes enfermées dans un espace réduit, ici un mini-bus clandestin – pour traduire l'atmosphère oppressante vécue par ses personnages. Le film est également un road-movie qui célèbre les paysages magnifiques traversés par Mustafa et ses compagnons d'infortune. Aymeen Nayfeh s'est inspiré de sa propre histoire : il parsème son intrigue de détails criants de vérité, sans oublier quelques pointes d'humour. Tout en maintenant une tension de bout en bout, 200 mètres met ainsi en lumière l'impact humain d'une séparation forcée sur celles et ceux qui la vivent au quotidien.