A DARK, DARK MAN
Du 14/10/2020 au 10/11/2020
SÉLECTION OFFICIELLE, EN COMPÈTE • FIFIGROT 2020
Bekzat est un jeune flic, déjà bien rôdé aux manœuvres de corruption qui font lois dans les steppes kazakhes. Alors qu'un garçon est retrouvé mort dans d'étranges – et atroces – circonstances, on lui demande simplement d'étouffer l'affaire en trouvant un bouc émissaire. L'intervention d'Ariana, journaliste pugnace et déterminée, va compliquer les choses...
À la croisée des genres entre film noir et western, on retrouve, comme dans La tendre indifférence du monde, l'esthétique si particulière de Adilkhan Yerzhanov. Les personnages troubles, salauds et gangsters, défilent dans de longs plans fixes, appuyant l'absurdité des situations, dans la droite lignée du cinéma d'Aki Kaurismäki. Subtile et méticuleuse, la mise en scène joue sur les reflets et le hors-champ.Le récit échappe au manichéisme et à l'excès démonstratif : les rapports entre les personnages sont complexes et le spectateur est libre de s'en faire sa propre idée. La beauté des images fait en permanence contrepoint à leur monstruosité comme pour rappeler que rien n'est perdu et que la rédemption est une des possibilités qui s'offre aux protagonistes. Enfin, comme dans son précédent film, la femme occupe une place singulière : elle s'oppose à l'ordre établi et fait bouger les lignes. Ainsi, si le titre annonce la couleur, le film ne sombre pas dans le désespoir. A dark, dark man est plutôt une expérience cinématographique. Le scénario allie avec brio l'humour noir, le cynisme, le romanesque du polar et le film social, le tout dans une forme propre à son auteur. Une réussite !