ALGÉRIE DU POSSIBLE
Du 07/12/2016 au 09/01/2017
Il existe peu de films sur l’histoire de l’Algérie, et encore moins sur la période très courte de 1962 à 1965 entre l’Indépendance et le coup d’État militaire qui place Houari Boumédiène à la tête de l’Etat. Ce film revient sur cette période par le biais d’Yves Mathieu. Militant anticolonialiste et avocat du Front de Libération Nationale (FLN), Yves Mathieu a choisi de rester en Algérie après l’Indépendance pour participer à l’édification du nouvel État. Il a notamment été conseiller du premier gouvernement algérien. Il est aussi et surtout à l’origine des décrets sur les biens vacants et sur l’installation du système d’autogestion des domaines agricoles.
Le film revient longuement sur tous les grands projets de l’Etat algérien aux lendemains de l’indépendance, auxquels Yves Mathieu et son épouse avaient pris part : l’alphabétisation, le reboisement des zones bombardées au napalm par l’armée coloniale, la mise en place d’un système de santé. Il est passionnant d’assister à la construction d’un monde plus juste à travers l’engagement d’un homme, totalement dévoué à sa cause. Mais le film est aussi très touchant, et il est traversé par une question qui revient sans cesse, une question centrale au goût un peu amer : les circonstances de la mort de Yves Mathieu dont la voiture a été mystérieusement percutée par un camion militaire le 15 mai 1966. Mené comme un road movie sur les pas de son père (Viviane Candas, la réalisatrice, n’est autre que la fille d’Yves Mathieu), entrecoupé d’une multitude de témoignages de compagnons de route du militant dont le défunt président Ahmed Ben Bella, ce film allie l’histoire individuelle et la grande Histoire de l’Algérie.
« Si j’ai parlé de mon drame personnel, le deuil rendu impossible par le doute, c’est afin de donner une dimension universelle au film, à condition qu’y soient transmis les éléments de compréhension du contexte historique et politique compliqué dans lequel survient la mort d’Yves Mathieu. Or, cette histoire de la décolonisation et de ses acteurs, de cette génération très courageuse, a été gommée en France ». Viviane Candas