ALMAMULA

Personnage mythologique d’une région du nord de l’Argentine, l'Almamula est un monstre mi-femme mi-animal qui rôde dans la forêt et fait disparaître tous ceux qui ont commis un acte sexuel répréhensible. Cette légende se veut garante d’une certaine moralité, dans une communauté très pieuse dans laquelle la religion catholique est omniprésente. Nino, 12 ans, est régulièrement victime d’actes homophobes parce qu’efféminé. Pour le protéger, sa mère l'emmène avec toute sa famille à la campagne pour les vacances d'été. Il y assiste aux leçons de catéchisme, en préparation de sa confirmation. Lorsqu'un garçon du village se volatilise mystérieusement dans les bois, l’imaginaire chimérique de Nino se réveille en même temps que ses propres désirs.

Almamula ne raconte pas l’histoire du monstre qui vit dans la forêt mais celle du monstre que les êtres humains ont créé autour du tabou de la sexualité. Les obsessions et les fantasmes de chacun se matérialisent dans une ambiance mystique, dans un décor où la chaleur étouffante et l’intensité des arbres sont des personnages à part entière. Juan Sebastian Torales décrit l’essence de ces régions caniculaires et parvient à y dépeindre une atmosphère envoûtante, plongeant le spectateur dans l’univers complexe du passage de l’enfance à l’adolescence, dans une obscurité dépourvue de points de repères. En alliant réalisme et fantastique, mélange de genres presque « naturel » dans la culture latino-américaine, Almamula est un premier long-métrage sensoriel, empli de symbolisme et de métaphores, dans lequel chaque scène semble être soigneusement conçue pour son impact visuel, puissant et magnifique.