AMERICA

Après une immersion nocturne auprès de sans-abris parisiens – le somptueux Au bord du monde –, Claus Drexel nous embarque au cœur de l'Arizona à une période pour le moins tourmentée : celle de la dernière élection présidentielle, en novembre 2016. Avec beaucoup d'humanité, de respect et de stupéfaction, le réalisateur part à la rencontre des habitants de Seligman, une petite ville de 450 âmes traversée par la Route 66... mythique certes, mais désertée depuis quarante ans. Jeunes ou vieux, tous nostalgiques et patriotes, ces héritier-e-s cabossé-e-s du rêve américain nous livrent leurs espoirs et leurs craintes. Des personnages authentiques, hauts en couleur et en anecdotes, pour la plupart remontés et prêts à voter pour Donald Trump plutôt par principe que par conviction. De vrais cow-boys en plein Far West, prêts à dégainer à n'importe quelle occasion, s'opposent encore à la sagesse de quelques Indiens toujours présents, les Hopis. Rien ne semble avoir bougé pourtant rien n'est plus pareil. Ici, le poste de police le plus proche est à deux heures, il faut savoir se défendre et ce dès le plus jeune âge (à partir de cinq ans si l'on en croit une mère de famille !).
 
On pense à The Florida project, pour cette misère implantée dans un décor fantasmé – Disney World vs le Grand Canyon – ou encore au complémentaire We blew it dans lequel Jean Baptiste Thoret faisait aussi étape à Seligman. Une balade aussi fascinante qu'effrayante dans l'Amérique profonde d'aujourd'hui, accompagnée par la musique lancinante d'Ibrahim Maalouf.