ANA, MON AMOUR
Du 21/06/2017 au 11/07/2017
OURS D’ARGENT DE LA MEILLEURE CONTRIBUTION ARTISTIQUE • FESTIVAL DE BERLIN 2017
Ana, mon amour commence dans une chambre d’étudiant dans laquelle on rentre comme à la dérobée, en plein milieu d’une conversation. Ana et Toma discutent en buvant un verre, citent Nietzsche, flirtent et se tournent autour jusqu’à ce qu’une crise de panique de la jeune femme finisse par les faire tomber dans les bras l’un de l’autre. Ainsi naît leur histoire d’amour que le film va ausculter sur une dizaine d’années : une passion fusionnelle portée par l’insouciance de la jeunesse mais aussi une relation déséquilibrée autant par la fragilité d’Ana que par le poids de leurs histoires et de leurs familles respectives. Plus tard, Toma tentera, allongé sur le divan d’un psychanalyste, de prendre du recul sur cette histoire et reviendra sur certains détails pour essayer d’en saisir la portée.
La narration d’Ana, mon amour alterne entre ces deux époques, éclate la temporalité pour mieux révéler l’intensité des situations et de ceux qui les vivent. Il expose des moments d’existence nus, pris sur le vif, livrés bruts, au plus proche de leur intime vérité. Si le film est souvent virtuose, il n’oublie pas pour autant la complexité de l’histoire qu’il décrit, et c’est avec beaucoup de finesse qu’il parvient à saisir l’enlisement d’une belle histoire d’amour qui devient peu à peu toxique, rongée par les rapports de force, la dépendance et l’usure des sentiments. Basculant de l’euphorie de la rencontre au pathétique des moments de crise, Ana, mon amour réunit avec la même honnêteté charme et cruauté dans un film criant de vérité.