ANTI-SQUAT

Agente immobilière en recherche d'emploi, Inès élève seule son fils Adam. D'ici quelques mois, ils devront quitter leur logement, de leur propre gré ou non. Dans l'obligation d'obtenir rapidement un travail, elle accepte un poste expérimentant une nouvelle offre d'hébergement d'urgence. Afin d'éviter que des locaux inoccupés soient squattés, une société les propose à des personnes sans toit. En compensation d'un loyer réduit, celles-ci protègent et rénovent les lieux et acceptent que leur quotidien soit contraint par des règles strictes. La mission d'Inès : trouver ces habitants éphémères, vivre avec eux et veiller à ce qu'ils suivent le règlement – qu'elle doit également s'appliquer à elle-même.

En s'inspirant d'une expérimentation réelle mise en place en 2009 et renforcée par les lois ELAN en 2018 et Anti-squat en 2023, Nicolas Silhol trouve un angle inédit pour pointer le problème du mal-logement. Il évoque surtout une précarisation globale touchant de plus en plus de monde : les personnages d'Anti-squat ne sont pas marginaux, ils travaillent mais cela ne suffit plus. Dans l'immense bâtiment vide, chacun tente de se construire un chez soi, même provisoire. Au risque de perdre son emploi, Inès a le devoir de contrôler et de sanctionner celles et ceux qui sont pourtant dans une situation similaire à la sienne. À l'instar de son premier long-métrage Corporate, Nicolas Silhol dépeint une protagoniste coincée entre l'enclume et le marteau. Il sait retranscrire la « chaîne alimentaire » moderne, dans laquelle la moindre contestation est punie par un peu moins pauvre que soi. Face au gouffre social, suivre ses convictions et agir selon ses principes est devenu un luxe. Comme les immeubles vacants, la morale a grandement besoin de rénovation...