AVANT L'AURORE
Du 19/09/2018 au 07/10/2018
Dans les bas fonds de Phnom Penh, Mirinda, travesti français, vivote comme elle peut, entre Viri, son amant irresponsable, et une amie avocate dont le seul but est de retrouver les chefs de guerre des Khmers rouges pour les livrer à la justice. Entre dope et passes, Mirinda se laisse vivre sans ciller, et s'oublie dans la danse sous les néons écarlates des boîtes de nuit. Jusqu'au jour où une enfant prostituée fait irruption dans sa vie. Mirinda la garde avec elle, par défaut, un peu comme on s'encombrerait d'un paquet. Puis elle se découvre des élans paternels insoupçonnés, doucement, intensément...
Avant l'aurore est une œuvre magnétique. Le Phnom Penh que nous donne à voir le réalisateur est perturbant, violent, sordide. Pourtant, la photographie est sublime, la passion et le respect qu'il voue à ce pays transparaissent dans sa manière de filmer les rues, les gens et il concentre son regard bienveillant sur le personnage de Mirinda. Il fait ainsi évoluer notre perception du dégoût vers la fascination, dans un élan totalement hypnotique. D'abord sorte d'Iggy Pop anorexique, le corps souvent nu, abîmé, noueux de Mirinda n'en finit plus de captiver. Cheveux décolorés, sexe d'homme, jupe courte, paillettes, maquillage, le personnage semble en transe continuelle, happé par son destin, voué à l'errance... Jusqu'à sa rencontre avec Panna qu'il apprivoise sans vraiment le vouloir, par instinct autant que par besoin, ou peut-être parce que cette enfant lui rappelle ses propres blessures. Avant l'aurore est un film sur la grâce, loin de toute représentation stéréotypée. C'est une vraie découverte et une expérience cinématographique à ne pas manquer.
(D'après Elsa Gambin • prun.net)