BELLISSIMA
Du 17/01/2024 au 06/02/2024
À Cinecittà, dans l’Italie d’après-guerre, le réalisateur Alessandro Blasetti lance un casting pour trouver l’enfant de son prochain film. Maria a cinq ans et souhaite décrocher le rôle. Pour sa mère Maddalena, infirmière et amoureuse de cinéma, c'est l'occasion d'offrir à sa fille une vie meilleure. Elle sacrifie alors son mariage et ses économies pour payer les leçons qui feront d’elle une star. Tout se joue au grand jour des essais…
Dans Rome, ville ouverte, la Magnani était Rome. Dans Bellissima, elle est son emblème, la louve, prompte à sortir les crocs pour protéger sa petite qu’elle rêve en bébé star et pour laquelle elle est prête à tous les sacrifices. Luchino Visconti, plus néoréaliste que jamais, ne s’arrête pas au portrait d’une femme ; il raconte les espoirs et les désillusions d’une partie de la population italienne au lendemain de la guerre. Des pauvres, humiliés, qui fantasment sur les nantis des beaux quartiers, les stars de cinéma. Cinecittà, avec ses façades en trompe-l’oeil, ses couloirs labyrinthiques et déserts, ses portes interdites qui s’ouvrent sur un ailleurs illusoire (le tournage d’un film), est un monde factice. À l'inverse, l’immeuble dans lequel vit Maddalena est une cour des miracles avec les femmes qui se répondent d’une fenêtre à l’autre. Paradoxalement, Visconti le filme comme un décor de théâtre dans lequel la vie fait irruption. Plus qu’une louve, finalement, une tigresse… Tirant sa fillette par la main, Maddalena fonce, beaucoup moins naïve qu’on ne le croit. Visconti met en scène un jeu de dupes et pose sur le milieu du cinéma un regard cruel mais lucide.
(D'après Anne Dessuant • Télérama)