BELOVED
Du 15/07/2020 au 22/08/2020
Dix ans après Ajami, son premier film remarquable et remarqué, le réalisateur israélien Yaron Shani revient avec un projet cinématographique atypique et ambitieux. Chained et Beloved constituent en effet un diptyque passionnant, qui s'insère dans ce que le cinéaste appelle sa « trilogie de l'amour ». Gageons que le succès de ces deux premières sorties poussera l'audacieux distributeur français Art House Films à amener jusqu'à nos écrans le segment manquant, intitulé Stripped. Rassurez-vous cependant, le choix de dévoiler d'abord Chained et Beloved est tout à fait cohérent : les deux films se prolongent, se répondent, dévoilent les deux faces d'une même histoire tout en enrichissant chaque partie d'éléments et de personnages qui lui sont propres. Pour que le plaisir soit total, nous vous conseillons d'ailleurs vivement de les découvrir dans l'ordre.
Le premier volet, Chained, suit l'itinéraire de Rashi, policier expérimenté et consciencieux côtoyant chaque jour – et chaque nuit – la noirceur du monde. La scène d'ouverture donne d'ailleurs le ton : appelés pour tapage nocturne, Rashi et son collègue découvrent sur place une situation beaucoup plus dérangeante... Ce contexte professionnel – pesant – pollue inévitablement la sphère privée. Auprès d'Avigail, sa jeune épouse, Rashi est un mari aimant et possessif. Tous deux essaient d'avoir un enfant mais chaque nouvelle tentative se solde par un échec. Cela n'empêche pas Rashi d'élever Yasmine, la fille d'Avigail, comme si c'était la sienne. Leur relation est cependant compliquée : effrayé par la réalité à laquelle il est confronté dans son travail, Rashi surveille Yasmine à outrance tandis qu'elle aspire du haut de ses treize ans à un début de liberté. Alors qu'il est mis à pied pour excès de zèle lors d'un contrôle de routine sur des adolescents, Rashi voit Avigail prendre le parti de sa fille après une dispute particulièrement orageuse et lui échapper peu à peu. Son monde vacille, ses certitudes tanguent, ses repères se brouillent : Rashi doit reprendre sa vie en main mais ne sait pas comment réagir alors que tout ce qu'il avait construit s'effondre autour de lui...
Sur la même temporalité, la narration de Beloved suit le point de vue d'Avigail. Impossible pour nous de vous en dévoiler plus sans risquer de gâcher votre plaisir : la forme du diptyque prend tout son sens en attisant la curiosité du spectateur et son désir, après avoir vu Chained, de découvrir le deuxième versant de cette histoire. Nous pouvons simplement vous indiquer qu'après une première partie oscillant entre thriller et drame familial, marquée par une vision particulièrement sombre de la société israélienne et des rapports humains, Beloved offre un regard plus apaisé, laissant entrer un peu de lumière dans des parcours de vie pourtant difficiles. Face à la solitude entêtée de Rashi, il propose une forme de solidarité – voire de sororité – autour d'Avigail : Chained et Beloved constituent alors les deux versions – masculine et féminine – d'une même intrigue, subtil contrepoint de deux récits aussi complémentaires que fondamentalement opposés.
« J'essaie de pousser l'authenticité jusqu'au bout, de porter les différentes approches du réalisme à leur point extrême, sans sacrifier pour autant l'intimité et l'intensité de la fiction », déclare Yaron Shani. Il est vrai en effet qu'à la vision des deux films, on est tout à la fois bouleversés par leur puissance fictionnelle et impressionnés par cette sensation de réalité, comme si nous étions plongés au cœur du quotidien vécu par les protagonistes. Cette volonté, le réalisateur l'a mise en œuvre dès la construction du film : les comédiens n'en sont pas et leurs personnages sont inspirés de leurs vies. Immergés dans cette expérience cinématographique pendant près d'un an, ils portent ces histoires complexes sur leurs épaules avec un talent confondant. Le résultat est d'autant plus époustouflant, criant de vérité et bouillonnant d'émotions : un projet atypique, ambitieux et totalement exaltant !
Les films programmés
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