BLUE VELVET

COPIE NUMÉRIQUE RESTAURÉE

De tous les films de Lynch, Blue velvet est sans doute le plus heureux, le plus équilibré et, peut-être, le plus parfait. Il permet d’abord au cinéaste d'y faire la connaissance d'Isabella Rossellini – avec laquelle il vivra ensuite une authentique histoire d’amour – ainsi qu'une rencontre artistique fondamentale : celle du compositeur Angelo Badalamenti. Blue velvet marque également la deuxième apparition de Kyle MacLachlan dans l’univers de Lynch et le premier rôle de Laura Dern dans l’œuvre de celui qui deviendra son mentor. Toutes ces premières fois en font un vrai film matriciel : le récit stylisé que Lynch invente à cette occasion peut être vu comme le modèle de Twin Peaks, voire des films qui vont suivre – en particulier Lost higway ou Mulholland drive.

Blue velvet  frappe par son extrême cohérence, sans que cela enlève quoi que ce soit à son mystère, bien au contraire. Son récit s’articule autour de l'opposition entre l’univers du jour et celui de la nuit, dans la petite ville imaginaire de Lumberton, avec le jeune Jeffrey Beaumont comme passeur candide et pervers entre ces deux mondes. Le film conte alors l’histoire de son initiation au mal, au sexe, au voyeurisme, au sadomasochisme, à la violence...

Blue velvet  se bonifie à chaque vision et regorge de moments d’anthologie qui vont tous dans le sens de la théâtralisation d’un monde qui bascule peu à peu dans un cinéma mental d’une puissance inégalée : un des films les plus ouvertement sexuels de l’histoire du septième art, un mot de passe aussi envoûtant que le seront plus tard Twin Peaks ou Mulholland drive, un rêve de cinéma dont on ne se lassera jamais !

(D'après Thierry Jousse • Les inrocks)