BUTTERFLY VISION

SÉLECTION OFFICIELLE, UN CERTAIN REGARD • FESTIVAL DE CANNES 2022

Ukraine. Lilia, spécialiste en reconnaissance aérienne, nom de code : Papillon, est de retour auprès de ses proches. Sous le feu des médias, les retrouvailles sont agitées : Lilia vient d'être libérée d'une captivité de plusieurs mois. Entre le traumatisme de sa rétention qui l'a marquée jusque dans sa chair et les agissements de son mari, Lilia tente de se reconstruire dans les tumultes d’un pays fracturé de toutes parts.

Maksym Nakonechnyi a eu l'idée de ce film en montant un documentaire sur des soldates ukrainiennes. L'une d'elles avait passé un marché avec ses camarades : elles devaient la tuer plutôt que de la laisser être capturée. Ce pacte révélait alors ce qui attend une femme faite prisonnière en temps de guerre, sort pouvant être considéré pire que la mort... Épousant le point de vue de son héroïne, Butterfly vision évite cependant une violence trop frontale. Lilia est tourmentée par des flash-backs, des pensées et des rêves filmés de façon surréaliste, pour mieux montrer son décalage avec la réalité. Divers régimes d'images interfèrent ainsi dans le montage même du film, comme parasité par les flux médiatiques ininterrompus et les vidéos prises par les drones militaires. Tout se mélange, se distord, Lilia est tiraillée entre passé et présent, vie intime et image publique. Ce premier long-métrage – porté par l'intensité de son actrice principale – suit l'itinéraire de cette victime physique et psychique d'un pays déchiré, dans lequel la haine et la mort sont devenues banales. Profondément meurtrie et consciente que l'amplification du conflit est inévitable, Lilia se bat pour transformer ses souffrances en force. Son chemin de croix est éprouvant, fragile, mais pas dénué d'espoir.