CAPHARNAÜM
Du 17/10/2018 au 04/12/2018
PRIX DU JURY • FESTIVAL DE CANNES 2018
Après Caramel et Et maintenant on va où ?, ses précédents films qui ne manquaient déjà pas de charme, Nadine Labaki a suscité avec Capharnaüm l'un des grands moments d'émotion du dernier Festival de Cannes. En effet, son troisième long-métrage transforme une source documentaire en un bouleversant torrent d'énergie. Porté par des acteurs non professionnels – notamment l'époustouflant Zain Al Rafeea, jeune réfugié syrien repéré dans la rue –, Capharnaüm fait de la trajectoire chaotique de son jeune héros, racontée en flashbacks, un superbe mélo. Nadine Labaki traite avec une frontalité courageuse de sujets forts – l’enfance maltraitée, la condition des femmes et des sans-papiers, la misère – mais parvient à leur insuffler une véritable puissance romanesque, de jolies idées de cinéma et même des touches d'humour.
Zain, gamin des rues qui a fini en prison, assigne ses parents au tribunal. Il les accuse de l'avoir mis au monde. Capharnaüm retrace l'itinéraire de cet enfant buté et en colère, de l'appartement miséreux dans lequel il grandit jusqu'aux rues de Beyrouth. La caméra ne lâche pas Zain d'une semelle : il est sans cesse en mouvement, court de combines en combines pour gagner quelques sous, garde en permanence un œil sur sa jeune sœur pour la protéger et se retrouve finalement en charge du bébé d’une clandestine éthiopienne. Tout en préservant de jolies respirations poétiques – et parfois drôles –, la réalisatrice met en scène la violence du chaos dans lequel Zain se débat avec ténacité : il apparaît alors comme un symbole du refus de l'injustice et de la misère, bouleversant et inoubliable.