CHAMBRE 999

En 1982, Wim Wenders – décidément à l'honneur au Cosmo ce mois-ci – installait une caméra dans une chambre de l'hôtel Marriott de Cannes, en plein festival. Il y invitait seize de ses confrères cinéastes – et pas des moindres : Godard, Spielberg, Herzog, Fassbinder, Antonioni, Monte Hellman... – à répondre à la question : « Le cinéma est-il un langage en train de se perdre, un art qui va mourir ? ». Le montage de leurs réponses a donné lieu à un court documentaire intitulé Chambre 666.

Quarante ans plus tard, Lubna Playoust emprunte le même dispositif : pendant le Festival de Cannes 2022, elle invite trente cinéastes et leur pose la même question. Pendant ces quatre décennies, le cinéma a évolué, son environnement également. Ces dernières années ont notamment été marquées – outre le Covid qui a accéléré certains mouvements déjà à l'oeuvre – par l'avènement des plateformes. Il est alors passionnant d'entendre les créateurs analyser leur travail dans ces conditions nouvelles, et de confronter leurs visions. Si une inquiétude diffuse traverse les interventions, l'optimisme reste bien présent. Surtout, la question posée est suffisamment ouverte pour laisser place à l'interprétation et à la subjectivité, permettant d'évoquer de nombreux sujets touchant de près ou de loin à l'avenir du septième art. En miroir, le film provoque également en nous une réflexion profonde sur notre position de diffuseurs (en ce qui nous concerne) et de spectateurs.