CONFIDENT ROYAL
Du 08/11/2017 au 05/12/2017
D’après le roman Victoria & Abdul de Shrabani Basu
Les reines d’Angleterre réussissent à Stephen Frears. Après Elizabeth II dans The Queen, la fin de règne de Victoria lui a inspiré une nouvelle charge contre la monarchie britannique. Une satire d’autant plus mordante qu’elle se pare des atours romanesques d’une reconstitution historique de luxe…
En 1887, Victoria est une vieille femme fatiguée, dépressive, qui souffre d’« obésité morbide » – il faut la faire rouler sur son lit comme un tapis pour parvenir à la lever ! Lors de son jubilé d’or, elle est subjuguée par un jeune valet indien venu lui rendre hommage. Abdul, modeste gratte-papier à la prison de Calcutta, va devenir le professeur de langues de l’impératrice des Indes, et bien plus encore : un guide spirituel, voire un élixir de jouvence. Alors que la reine s’interroge sur les contraintes inhérentes à son long règne, les deux personnages vont former une improbable alliance, faisant preuve d’une grande loyauté mutuelle. À mesure que leur amitié s’approfondit, la reine retrouve sa joie, son humanité et réalise à travers un regard neuf que le monde est en profonde mutation.
Le film est particulièrement incisif dans son évocation de la cour, confite dans le respect de l’étiquette, puis mise sens dessus dessous par l’arrivée d’Abdul. Car l’emprise du petit fonctionnaire musulman sur la souveraine va déchaîner les jalousies. Et, surtout, révéler le mépris de classe, le racisme des nobles britanniques à l’égard de leurs sujets colonisés. Qu’un Indien de basse extraction soit autorisé à dormir dans les combles du château de Balmoral, passe encore, mais qu’il puisse partager l’intimité de la reine, shocking ! Le principal atout de Confident royal reste toutefois Judi Dench : qu’elle joue l’enthousiasme ou la douleur, la colère ou la tendresse, elle est toujours précise, juste. Vraiment royale.
(D’après Samuel Douhaire • Télérama)