CORSAGE

PRIX DE LA MEILLEURE PERFORMANCE • UN CERTAIN REGARD, FESTIVAL DE CANNES 2022

Autriche 1877, Sissi fête ses 40 ans. Épouse de l'Empereur François-Joseph I^er, Elisabeth entretient une obsession pour la minceur et la jeunesse. Son rôle de première dame d’Autriche l’obligeant à faire bonne impression en toute circonstance, elle se plie à un régime alimentaire strict, à des exercices physiques et des mises en beauté quotidiennes. En véritable femme-objet, Elisabeth d’Autriche étouffe sous le poids des conventions royales. Avide de liberté, elle va se rebeller contre l’oisiveté et le sexisme dans lesquels elle est enfermée.

Si le troisième film de Marie Kreutzer nous rappelle immanquablement la trilogie Sissi l’impératrice incarnée par Romy Schneider dans les années 1950, c’est sous un angle beaucoup moins glamour que la cinéaste autrichienne dresse le portrait de celle qui fut impératrice d'Autriche jusqu’en 1898. Portrait d’une femme prisonnière de la cage dorée des salons de la haute noblesse, le film met en scène une vie ennuyeuse et douloureuse dictée par le leitmotiv « sois belle et tais-toi ». Cette vie-là est, selon la réalisatrice, toujours d’actualité : « Les femmes d’aujourd’hui doivent encore répondre à bien des attentes auxquelles Élisabeth devait satisfaire.  L’histoire, le mouvement féministe et l’émancipation n’ont rien changé à cela. Les femmes sont toujours dépréciées lorsqu’elles sont en surpoids ou qu’elles vieillissent ».

Aux antipodes du film d’époque grandiose et doucereux, Corsage dépeint le déclin d’une femme asservie par les mœurs patriarcales et en proie à de nombreuses névroses. Les décors, les costumes, les lumières et l’interprétation sans faille de la comédienne Vicky Krieps font de cette œuvre un film d’une grande maîtrise.