DREAMING WALLS

« Tous les films sur l’hôtel que l’on connaît ne s’intéressent à lui qu’à travers ses artistes iconiques. Notre démarche a plutôt été inverse, nous avons voulu déconstruire et désacraliser ce lieu. » Maya Duverdier et Joe Rohanne

Nous avons déjà entendu parler du mythique Hôtel Chelsea. Que ce soit par la chanson (Léonard Cohen, le dernier album de Taylor Swift...), la littérature (Jack Kerouac y écrivit Sur la route), le cinéma, la danse, les arts plastiques... Tous les arts mènent à lui ! Situé à Manhattan, il est, dès ses débuts et depuis plus d’un siècle, un important centre de la vie artistique new-yorkaise. Quand Maya Duverdier et Joe Rohanne s’y rendent en 2018, des travaux pour le transformer en hôtel de luxe l’éloignent de l’image fantasmée qu'il suscite. Les cinéastes donnent la parole à ses irréductibles résidents. Certains ont hâte que le chantier se termine, d’autres savent qu’ils n’auront alors plus les moyens de s'y loger. Vous ne verrez pas d’échanges musclés sur ses oppositions mais l’attachement de chacun pour ce lieu, que la personne interrogée occupe toujours le même appartement, qu’elle ait dû déménager, que son logement soit bourgeois, insalubre ou qu’il ressemble à un capharnaüm de souvenirs.

La danseuse Merle Lister, mémoire vivante du site, est une merveilleuse guide. Projetant des archives sur les murs ou filmant les résidents avec une Bolex, les images passées et présentes se fondent malicieusement, augmentant la sensation décrite par un ouvrier : il y a des fantômes dans ces murs ! Si nous assistons aux dernières heures du lieu, la douceur du documentaire cible la liberté et l’énergie transmises par l’hôtel à ses habitant.es, énergie qui catalyse leur désir de création, de transmission, de survie et d’amour.