EMA
Du 02/09/2020 au 29/09/2020
Ema, danseuse charismatique, et Gastón, chorégraphe à succès, se déchirent. Ils vivent et travaillent ensemble mais leur relation n’est plus viable depuis le jour où ils ont renoncé à la garde de leur enfant adoptif. Ema quitte Gastón et sa troupe de danseurs pour se lancer dans une quête effrénée. Une quête d'amour, d'elle-même, de son fils perdu, de quoi encore ? Ema n’est pas du genre à expliquer ce qu’elle cherche mais, de manière implacable, elle trouve.
Après No, Neruda ou encore Jackie, le chilien Pablo Larraín en vient à un cinéma plus déconstruit, au rythme soutenu, dans lequel la bande-son, superbe, occupe une place primordiale. Il s’agit également d’un cinéma plus clivant, à l’instar de son héroïne. Ema ne fait pas dans la demi-mesure : sa lutte, globale, concerne autant les personnes qui se dressent sur sa route que les normes que celles-ci véhiculent. Elle entraîne avec elle un groupe de jeunes femmes à son image : libres, décomplexées, sûres d’elles-mêmes, porteuses d'une intransigeante soif de vivre qui pourrait être prise – à tort – pour du nihilisme. Cette jeunesse chilienne de Valparaíso est celle des métropoles cosmopolites que nous connaissons. Parce que nous suivons le cheminement tortueux de cette héroïne, d’aucuns parleront d’un film intimiste. Nous préférons y voir l’expression d’une radicalité politique de cette jeunesse s’incarnant dans le corps assumé – dansant – et dans les mœurs – libérées – d'Ema. Grand bien lui fasse, nous fasse, il y a un plaisir cathartique – dérangeant parfois, il est vrai – à voir l’expression d’une volonté déchaînée. Que ce soit la volonté d’une femme donne au film un intérêt capital. Ema danseuse de reggaeton, Ema mère envers tous, Ema femme désirante et désirable est, toute entière, une provocation. Le vieux monde pourrait ne pas s’en relever.