GHOST DOG, LA VOIE DU SAMOURAÏ
Du 21/12/2022 au 02/01/2023
COPIE NUMÉRIQUE RESTAURÉE
« Chaque jour on doit se considérer comme mort. ». C’est sur ces mots que s’ouvre le film, citation du Hagakure qui compile notes et pensées d'un samouraï du début du XVIIIe siècle. Ghost Dog ne se sépare jamais de ce guide spirituel. Vivant seul sur un toit de Jersey City, il passe ses journées à s’occuper de ses pigeons, répétant des mouvements d’épée dans une danse gracieuse et mortelle. Car Ghost Dog est un tueur à gages professionnel, discret et rapide.
Après Dead man, film détournant les codes du western, Jim Jarmusch revient avec Ghost Dog à une hybridation des genres aux inspirations encore plus diverses. Cette rencontre de différents mondes, Jarmusch la met en scène avec légèreté, offrant de magnifiques scènes d’humour et de grâce ; on pense notamment à l'unique ami de Ghost Dog, vendeur de glaces haïtien ne parlant pas un mot d’anglais. Samouraï noctambule, Ghost Dog tente d’être l’incarnation de l’ancien monde dans celui d’aujourd’hui. Mais les vieux rites ne peuvent s’appliquer aux jours présents, ils ne fonctionnent plus. Les mafieux qui l'emploient puis le pourchassent en sont l’exemple même : leurs figures sont usées, ils soufflent après avoir monté des escaliers, ils sont aussi désincarnés que les cartoons qu’ils regardent à la télévision. Le film représente la mort des codes et des figures cinéphiliques. Mais toute mort n’est-elle pas le commencement d’une nouvelle vie ? Ghost Dog est un film qu’on ne saurait que trop vous conseiller de (re)voir sur grand écran. Pour sa mise en scène aérienne, pour la performance de Forest Whitaker ou encore pour la bande-son de RZA, pilier du groupe Wu-Tang Clan, dont le hip-hop berce le film...
(D'après la Gazette Utopia)