GOLDEN GLOVE
Du 26/06/2019 au 09/07/2019
INTERDIT AUX MOINS DE 16 ANS
Adapté du best-seller – non traduit en France – du musicien et auteur Heinz Strunk, Golden glove retrace de façon extrêmement graphique les faits et gestes de Fritz Honka, serial killer qui terrorisa le « red district » de Hambourg dans les années 70. Habitué du bar qui donne son titre au film, Honka y croisait des prostituées âgées, ravagées par la vie et l’alcool. Il les ramenait chez lui, les saoulait et son impuissance sexuelle le poussait à les battre à mort puis à les dépecer : le taudis dans lequel il habitait était ainsi rempli de morceaux de corps en putréfaction dont il masquait l’odeur avec des petits sapins parfumés...
Fatih Akin ne filme pas une enquête ou un suspense, il montre un monstre à l’œuvre et il le fait avec un hyperréalisme à la limite du soutenable. Les corps sont difformes et les visages tuméfiés. Le criminel – joué sous un épais maquillage de latex par le jeune Jonas Dassler – marche voûté comme un bossu. Ses victimes sont obèses et édentées, ses amis de beuverie ont des trognes de trolls. Si les crimes sont majoritairement hors champ, le sang gicle, la chair torturée abonde – le niveau d’horreur rappelle celui de Henry, portrait d’un serial killer. Difficile, parfois, de ne pas détourner le regard. On pourra accuser le cinéaste – qui dit avoir voulu filmer les bas-fonds du monde – de complaisance voyeuriste, d’excès dans le grotesque et la laideur. Mais il y a aussi pas mal d’humour. Ce que recherche Fatih Akin, amateur de cinéma de genre et de « comics », c’est une réaction physique, un double effet de saturation et de sidération, une suffocation du spectateur.
(D’après Aurélien Ferenczi • Télérama)