I AM NOT MADAME BOVARY
Du 05/07/2017 au 25/08/2017
COQUILLAGE D’OR DU MEILLEUR FILM & COQUILLAGE D’ARGENT DE LA MEILLEURE ACTRICE • FESTIVAL DE SAN SEBASTIAN 2016
Comment une histoire de mœurs devient une affaire d’état ! Li Xuelian veut faire annuler son divorce. Pourquoi ? Parce qu’elle affirme qu’il est illégitime et qu’elle aurait dû se remarier avec son mari après avoir obtenu un second appartement (but premier du fameux divorce). Sauf que ledit mari a rompu sa promesse et choisi de se remarier avec une autre femme... Et comble de l’humiliation, il a sous-entendu, en public, qu’elle était une « Pan Jinlian », c’est-à-dire une femme indigne et infidèle (d’où la référence à Madame Bovary du titre français)... La pauvre Li Xuelian, bafouée et abandonnée, se lance alors dans une quête de justice et de vengeance qui va durer des années...
Ce film est une petite merveille. D’une histoire individuelle minuscule, il nous embarque dans une épopée à la fois palpitante et bouleversante. Échelon après échelon, notre héroïne est prête à tout pour faire entendre sa voix, y compris aller jusqu’à Pékin pour semer la zizanie au moment de l’assemblée populaire. D’années en années, ce petit grain de sable qui refuse de se soumettre à l’indifférence des institutions devient gênant et se fait le reflet d’une république populaire de Chine plus si proche du peuple... L’obstination de Li Xuelian alliée aux effets de répétition des situations font évoluer le récit vers l’absurde sans pour autant oublier la dimension dramatique de cette histoire et le caractère émouvant de son personnage principal. La beauté formelle du film, extrêmement travaillée dans sa composition, et le choix d’un format rond qui évolue avec le récit placent le spectateur en position d’observateur, comme s’il découvrait cette histoire à travers la lentille d’un télescope. Cette histoire intime prend une dimension universelle et décline le portrait d’une femme et d’une société rongée par des lois qui contraignent les citoyens à faire des choix stratégiques dangereux... Le film tient de bout en bout sans jamais s’essouffler, avec beaucoup d’intelligence et d’humour, pour notre plus grand plaisir.