JU DOU
Du 07/10/2020 au 27/10/2020
« Les débuts de la carrière de Zhang Yimou l’imposent d’emblée comme un esthète de l’image, de la couleur et du cadre. Son cinéma s’inspire de la calligraphie et de l’opéra chinois : ses personnages sont des signes, comme des idéogrammes sur une toile, à la fois symboles, corps et idées. Le moindre mouvement est chorégraphié. Cette recherche de la beauté permanente et du symbolisme n’exclut pas la dimension émotionnelle d’un film comme Ju Dou, à la cruauté exacerbée.
Dans la campagne chinoise des années 20, le patron d’une fabrique de tissus torture chaque nuit sa belle et jeune épouse qu’il accuse de ne pas lui donner d’héritier. Elle va alors se donner au neveu de son maître et tomber enceinte de son amant. Le thème de la femme opprimée et martyrisée par une société machiste et archaïque traverse la filmographie de Zhang Yimou : ses héroïnes sont à la fois des victimes et des combattantes capables d’une grande violence pour échapper à leur condition. Ju Dou se venge du vieillard sadique qui l’a achetée et accède enfin au plaisir sensuel. Le destin finira toutefois par briser cet éphémère bonheur...
Il faut reconnaître au réalisateur un certain génie de scénographe : les corps, les tissus et les teintures se mêlent avec une virtuosité extraordinaire. Dans Ju Dou, il témoigne aussi d’un vrai talent de dramaturge, convoquant les dieux et la loi des hommes qui vont contrarier l’amour passionnel du couple illégitime. Les premiers films du cinéaste sont indissociables de Gong Li, son égérie et sa compagne. L’actrice chinoise s’y révèle sublime et bouleversante : Ju Dou compte parmi ses plus grands rôles et sa beauté époustouflante ne doit pas faire oublier ses talents de tragédienne. »
Olivier Père