JUSTE UNE NUIT

À Téhéran, la jeune Fereshteh travaille dans une imprimerie et s’occupe seule de son nouveau-né que son père Yaser a refusé de reconnaître. Quand ses parents – qui ne savent rien de sa maternité – lui annoncent leur visite impromptue, Fereshteh n’a d’autre choix que de chercher à confier son enfant, juste le temps d’une nuit.

À partir de ce postulat minimaliste qu’il va dérouler crescendo, Ali Asgari expose sans fard et avec simplicité – là est justement sa force – l’isolement que peut créer une situation jugée moralement inacceptable dans le Téhéran d’aujourd’hui. Comme le rappelle Atefeh, l'amie fidèle de Fereshteh : « aucun hôtel n’accepterait une femme seule avec un enfant ». À mesure qu’elle se retrouve exposée à des jugements plus ou moins explicites, que les portes se referment et qu'approche l'arrivée de ses parents, il devient évident pour Fereshteh que la préservation de son honneur auprès de sa famille ne pourra se faire sans douleur. Elle devra en payer le prix. Un proverbe iranien dit qu’« un secret n’est bien caché que s'il n’a qu’un seul gardien » : est-il possible de faire confiance aux autres dans une société qui questionne la légitimité d’un enfant hors mariage ?

Nouveau marqueur de la vitalité du cinéma iranien, le jeune réalisateur Ali Asgari interroge autant le poids des traditions dans la cellule familiale que la difficulté de s’en affranchir. À travers ce sujet d’une brûlante actualité, il poursuit la voie ouverte par ses pairs Asghar Farhadi et Saeed Roustaeev et explore le courage d’une femme face à l’enfermement psychologique et le labyrinthe moral d’un pays dans lequel, malgré tout, l’espoir d’un changement reste possible.