L'ÉCONOMIE DU COUPLE

Loin de nous l’idée de dire que les histoires d’amour finissent mal, en général, mais par contre, il n’y a que peu de doutes sur le fait qu’elles commencent, en général, plutôt bien. Au départ, tout est beau et rose, rien n’a d’importance et c’est généreusement qu’on construit ensemble, qu’on donne et partage sans compter... et sans rien demander en retour. Ensuite, avec le temps, après les enfants, les années, les choses ne sont parfois plus si simples... C’est cette période que raconte le film : le début de la fin d’une histoire d’amour, le moment où l’on prend conscience que quelque chose se termine et où l’on commence à compter les points, et à chercher réparation...
On en est donc là : Marie (Bérénice Béjo) et Boris (Cédric Khan) se séparent après 15 ans de vie commune et deux enfants. Ils vivent dans une maison que Marie a achetée, mais que Boris a rénovée. Temps contre argent ? Comment séparer les biens quand l’investissement a été commun ? La bataille se mène au quotidien, qui néanmoins se partage encore mais d’une manière différente : chacun sa soirée avec les enfants où l’autre n’est plus le bienvenu, chacun sa propre lessive, chacun son étage du frigo, pour ce moment de transition où Marie et Boris n’ont d’autres choix que de vivre encore sous le même toit. Une espèce de colocation subie, avec tout un passé lourd de souvenirs... de bons souvenirs...

Les deux acteurs sont incroyables : on pense forcément à Une séparation – magnifique film de Asghar Farhadi, qui avait également utilisé dans son film suivant Le passé la présence tout en retenue frustrée de la brillante Bérénice Béjo – mais ce film amène une dimension plus intimement forte au sujet. L’économie du couple, c’est vraiment ce moment où celui ou celle qui fut allié-e inconditionnel-le devient à la fois objet du deuil et objet de frustration. Tout en nuances, le film allie la nostalgie d’un passé heureux (et idéalisé) à la lutte du quotidien, d’apparence froide et violente, pour mieux cacher la blessure de la rupture. Criant de vérité parce qu’il parle de monsieur et madame tout le monde, L’économie du couple expose avec brio et distance des situations que tout un chacun a pu vivre de manière plus ou moins directe, mais qui paraissent vues de l’extérieur tellement absurdes, tout en restant intimement compréhensibles...