L'ÉNERGIE POSITIVE DES DIEUX
Du 14/09/2022 au 04/10/2022
« J’ai d’abord rencontré Astéréotypie sur scène. Entourés de quatre musiciens, Stanislas, Kevin, Aurélien et Yohann se sont avancés l’un après l’autre sur le devant de la scène et se sont mis à chanter, parfois à hurler, ce qui ressemblait à une poésie sauvage. Leurs textes parlaient de colère, de pilule bleue qui endort et pourrit les dents, de transports scolaires devenus étymologiques et s’envolaient sur des riffs de musique post-rock. En les découvrant, j’ai été saisie d’une violente émotion. Ce groupe que je savais composé d’autistes défiait toutes mes représentations. Ils dégageaient une énergie brute. Ils n’interprétaient pas la musique, ils l’incarnaient. Il se passait là, sous nos yeux, un phénomène auquel nous n’étions pas habitués, quelque chose de puissant et fragile à la fois.
L’émotion qui est venue me percuter est le point de départ de ce documentaire. Elle a précédé toute réflexion. J’ai toutefois su d’emblée que ce que je voulais raconter n’était ni lié à l’autisme ni à la différence. En écoutant leurs textes, j’ai, au contraire, éprouvé une troublante sensation de similitude. Ces jeunes venaient toucher quelque chose en moi : mon propre sentiment d’étrangeté, l’indicibilité de mes angoisses, la crainte parfois de basculer dans un ailleurs du psychisme et de la pensée. Sur fonds d’inventions sémantiques et de colères hurlées, Yohann, Stanislas, Kevin et Aurélien parlaient d’eux. C’est déjà saisissant parce qu’on entend rarement ces jeunes. Mais je crois que ce qui m’a touchée ce jour-là, c’est qu’ils parlaient aussi de nous, de ce qui nous entrave et nous contient, de nos angoisses terrées, de la violence de l’adaptation sociale, de nos conditionnements. Ils portaient en eux un souffle de liberté. C’est cet élan que je voulais traduire dans ce film. » Laetitia Møller