LA BEAUTÉ DES CHOSES

Lust och fägring stor. Autrement dit « Désir et Fascination » si l’on cherche un titre plus représentatif du film, sorte de Crime et châtiment amoureux !

Stig est lycéen, la question sexuelle le travaille particulièrement. Il fait ses premiers pas – et quels pas ! – avec sa professeure Viola. Une relation interdite s’installe, s’épanouit, puis se complexifie lorsque Stig rencontre le mari, grand mélomane et fameux alcoolique. Nous sommes en 1943, la guerre et les nazis ne sont pas loin, même si la Suède reste officiellement neutre.

Tout sensuel qu’il est, La beauté des choses n’est pas pour autant qu’érotisme. L’amour est protéiforme, le réalisateur Bo Widerberg met en miroir la passion avec les amours filiales, conjugales, juvéniles. Il fait le constat que les gestes d’amour se réalisent souvent au détriment des protagonistes, en déconnexion de leurs aspirations. Mais il y a des instants – de grâce ou de malheur absolu – où la rencontre authentique s’opère. Le film en met en scène quelques-unes avec une justesse virtuose.

Chef de file d’une nouvelle vague suédoise, Bo Widerberg s’inspire ici de souvenirs d’enfance. Il fait d’ailleurs jouer le rôle principal à son fils. Réalisme et simplicité formelle servent le propos et le dotent d’une grande efficacité. En 1996, le film remporte des prix au Festival de Berlin et est nominé aux Oscars, mais il ne sort pas en France. Ce tort est à présent réparé : venez le voir sans tarder et, si des ados désœuvrés traînent dans votre entourage, amenez-les !