LA FILLE DE BREST
Du 23/11/2016 au 03/01/2017
d’après Mediator 150mg d’Irène Frachon (Ed. Dialogues)
Il ne sert à rien de faire durer le suspense : La fille de Brest c’est Irène Frachon, qui s’est battue pour alerter sur les dangers du Mediator. C’est ce combat que raconte le film d’Emmanuelle Bercot : comment une médecin d’un hôpital de province, absolument ignorante des arcanes de la gestion de la « santé publique », est-elle parvenue à prouver que ce médicament – commercialisé par les Laboratoires Servier – était responsable de centaines de décès ?
Irène Frachon est pneumologue au CHU de Brest. Elle constate, dans l’exercice de son métier, plusieurs cas d’atteintes cardiaques chez des patients traités au benfluorex, principe actif du Mediator, médicament prescrit initialement pour le traitement du diabète, puis comme simple « coupe-faim ». Elle découvre aussi que cette molécule est de la même famille que celle composant l’Isoméride – également commercialisé par les Laboratoires Servier – qui fut retiré du marché dans les années 90 en raison d’effets indésirables graves, notamment cardiaques. La logique voudrait que ces constatations déclenchent une enquête, voire un retrait provisoire du médicament en attendant de plus amples vérifications. Il n’en sera rien, et cette affaire est en cela symptomatique des dérives de nos sociétés libérales : quand des intérêts économiques sont en jeu, quand des entreprises tentaculaires jouent le rôle de lobbys, la santé publique passe bien souvent au second plan...
C’est donc seule contre tous qu’Irène Frachon devra mener son enquête, accumuler des preuves, convaincre les agences de santé et les médias, subissant pressions et intimidations, sacrifiant sa vie privée... Le film rend un bel hommage à cette femme étonnante, « grande gueule » courageuse et tenace, devenue lanceuse d’alerte malgré elle.