LA MÉLANCOLIE
Du 14/08/2024 au 10/09/2024
Watako, jeune femme discrète, habite un petit appartement avec son mari. Elle s'occupe du quotidien, organise au mieux la garde de l'enfant que son époux a eu d'une précédente relation et subit les visites intempestives d'une belle-mère un peu envahissante. Une existence morne, sans surprises et sans éclats, que Watako supporte en s'échappant de temps en temps avec son amant Kimura. Jusqu'au jour où, de retour d'un week-end passé ensemble, Kimura disparaît subitement... Watako reprend d'abord le cours de sa vie, sans changement apparent, sans parler de ce qu'il s'est passé à personne. Pourtant, rien ne sera plus jamais pareil...
Sigmund Freud caractérisait la mélancolie « par une suspension de l'intérêt pour le monde extérieur, la perte de la capacité d'aimer, l'inhibition de toute activité ». La mise en scène de Takuya Kato, venu du théâtre, se met au diapason de ce sentiment : distanciée, silencieuse, elle retranscrit subtilement la froideur des rapports humains autour de Watako et ses difficultés à s'investir émotionnellement. Le jeune cinéaste traduit ainsi une forme d'incapacité pour ses compatriotes d'exprimer leurs sentiments, de communiquer sincèrement les uns avec les autres, même dans l'intimité. La mélancolie parvient à nous montrer les contradictions entre ce que les protagonistes pensent, la manière dont ils agissent et ce qu'ils disent. Avec élégance et retenue, le film révèle peu à peu les fissures qui fendillent la carapace de Watako, son impossibilité à continuer à se fondre dans le rôle qui lui est assigné. En évoquant avec acuité la vie moderne au Japon et en mettant au premier plan un personnage féminin, La mélancolie s'inscrit dans le renouveau du cinéma nippon, porté par des cinéastes et des comédiens jeunes et talentueux.