LA PLACE D'UNE AUTRE

France, 1914. Nélie est contrainte de « voler et même pire » pour survivre. Pour s'extirper de cette existence misérable, elle s'engage comme infirmière sur le front. La guerre fait rage, les blessés s'accumulent. Un jour, Nélie recueille Rose, jeune femme de bonne famille égarée qui cherche à rejoindre Nancy : elle doit y être hébergée par une ancienne amie de son père décédé. Un bombardement les surprend et offre à Nélie une chance unique de sortir de sa condition : elle prend l'identité de Rose et se présente à sa place chez Eléonore de Lengwil, riche veuve dont elle devient la lectrice. Le mensonge fonctionne au-delà de ses espérances et lui permet de goûter à une vie plus aisée. Un sentiment de culpabilité insidieux s'empare cependant d'elle, mêlé à l'angoisse tenace d'être découverte...

Inspiré du « roman à sensation » britannique The new Magdalen écrit en 1873 par Wilkie Collins – ami et collaborateur de Charles Dickens – La place d'une autre en déplace l'intrigue dans la France du début de la Première Guerre mondiale. Sous des atours élégamment classiques, l'intrigue mêle romanesque et suspense psychologique pour évoquer le poids de la condition sociale et des apparences, ainsi que les difficultés à s'en extraire. Grâce à une reconstitution privilégiant l'atmosphère – inquiétante et mystérieuse – à la minutie, le film installe une tension diffuse qui ne cesse de grandir, lorgnant parfois vers le fantastique. À travers ces trois personnages de femmes aux prises avec leur destin – magnifiquement incarnées – La place d'une autre interroge une forme de justice morale : a-t-on droit au bonheur quand on n'est pas bien né ? Le cheminement de Nélie vers un final inattendu propose une réponse qui ne manque pas de charme...