LA TENDRE INDIFFÉRENCE DU MONDE
Du 24/10/2018 au 04/01/2019
UNE SÉANCE PAR SEMAINE, LE VENDREDI APRÈS-MIDI
SÉLECTION OFFICIELLE, UN CERTAIN REGARD • FESTIVAL DE CANNES 2018
Certains pays sont tellement sous-représentés sur les écrans que le simple fait qu'ils arrivent jusqu'à nous est en soi un événement qui mérite d'être souligné. Quand, en plus, le résultat est du niveau de La tendre indifférence du monde, on se sent investis de la mission de vous encourager plus que jamais à pousser la porte de nos salles.
Le film commence par un décès dans la campagne kazakhe. Avant même la sépulture, les meubles de la maison familiale sont saisis. Le défunt père laisse une famille criblée de dettes... Seule solution envisagée pour sauver la situation : envoyer la belle Saltanat en ville, là où elle est promise à un riche mariage. Kuandyk, ami d'enfance de Saltanat d'une loyauté indéfectible, la suit afin de veiller sur elle. Ensemble, ils vont devoir affronter cette société dominée par le pouvoir et l'argent. Mais leur amour est très fort et pourra peut-être faire des miracles...
Ce film est une petite merveille parce qu'il est à la fois critique envers la société kazakhe, très romanesque et magnifique dans sa forme. Il est parcouru d'une tonalité mélancolique qui se traduit à l'écran par de superbes plans sur les steppes et la nature kazakhe. La mise en scène est stylisée et maîtrisée au millimètre, à l'image des personnages pris en étau entre leur volonté individuelle et leur devoir familial. Saltanat est paysanne, elle subit la contrainte de sa condition sociale mais elle est pourtant très cultivée et l'ensemble du film est teinté de références à des peintres et des auteurs – Camus et Le Douanier Rousseau en particulier. Ainsi, La tendre indifférence du monde s'adresse à toutes et à tous : les plus cinéphiles y décèleront des clins d’œil à de nombreux cinéastes, notamment Takeshi Kitano, les plus engagés remarqueront davantage le portrait sans concession d'une société dominée par la corruption et le patriarcat et les plus romantiques s'attacheront à une magnifique histoire d'amour. Vous pourrez aussi voir tout ça à la fois : un pur bonheur de cinéma.
Le Coup de Coeur de l’équipe du Pôle Cinéma de la Médiathèque José Cabanis : « Avec La tendre indifférence du monde, Adilkhan Yerzhanov nous livre une œuvre poétique et délicate. N'abusant jamais du mélodrame, le réalisateur s’essaie à l'humour absurde – que ne renierait certainement pas Aki Kaurismäki – tout en nous offrant de longues scènes contemplatives. Le film défile en une succession de tableaux et dépeint une société kazakhe corrompue, dans laquelle le pauvre est achetable et la femme monnayable. Finalement, seul l'amour fou survit mais à quel prix... »
Retrouvez à la médiathèque une sélection de documents en lien avec le film !