LE POIRIER SAUVAGE
Du 08/08/2018 au 25/09/2018
SÉLECTION OFFICIELLE, EN COMPÉTITION • FESTIVAL DE CANNES 2018
Passionné de littérature, Sinan a toujours voulu être écrivain. De retour dans son village natal après la fin de ses études, il met toute son énergie à trouver l’argent nécessaire pour être publié. Mais il doit également se confronter à sa famille, et notamment à son père, joueur invétéré, qui a accumulé les dettes et la rancœur autour de lui...
Le poirier sauvage est d'une telle richesse qu'il est presque impossible à résumer. Comme à son habitude, Nuri Bilge Ceylan signe un film fleuve, d'une ampleur visuelle et thématique rare. Il n'est pas étonnant qu'il ait choisi de suivre ici un aspirant écrivain tant son œuvre s'inscrit dans la lignée des grands romans d'apprentissage, misant sur la durée pour saisir l'évolution de personnages en butte à la société et à la vie qu'elle leur impose. Car l'avenir de Sinan, jeune homme de la campagne sans le sou, n'est pas à la hauteur de ses rêves : sans l'argent nécessaire pour publier son livre, il ne lui reste que l'enseignement, l'armée ou la police. Sinan tient un homme pour responsable de son malheur : son père. Il n'a que mépris pour cet instituteur malicieux qui a tout perdu dans sa passion pour les courses : son argent, sa maison, son honneur et le respect des siens. Si cette relation père-fils est le thème central du Poirier sauvage, le réalisateur turc ponctue la route de Sinan de rencontres : une ancienne amie qui avait le lycée à ses pieds et qui s'apprête à faire un mariage d'argent, un camarade d'université devenu flic anti-émeute, une gloire littéraire locale qui doit affronter le cynisme d'un jeune romancier arrogant, deux imams glosant sur les interprétations du Coran... Il tisse ainsi une fresque familiale d'une justesse bouleversante et dresse un état des lieux teinté d'une profonde mélancolie de la Turquie d'aujourd'hui... Du travail d'orfèvre.