LE PROCÈS GOLDMAN
Du 27/09/2023 au 07/11/2023
QUINZAINE DES CINÉASTES • FESTIVAL DE CANNES 2023
En 1976, Pierre Goldman est en prison. Condamné à perpétuité pour trois vols à main armée et le meurtre de deux pharmaciennes, il nie éperdument cette dernière accusation. Figure farouche d’extrême gauche, il est furieux comme un fauve en cage. Défendu publiquement par bon nombre de personnalités, son innocence est clamée si fort qu’un second procès a lieu en cassation. Revenant sur la sanction, ce nouveau jugement est un événement symbolique d’une révolte qui gronde. De hautes idées politiques s’affrontent, soulevant de lourdes problématiques profondément ancrées dans la société française et son histoire tourmentée. Au milieu, Pierre risque la peine de mort.
Après une scène inaugurale d’échange entre avocats pour installer la mythologie Goldman, le film ne quitte jamais ledit procès du titre. Aucun flash-back, aucune voix-off, aucun artifice ne nous éloigne du coeur de la Cour. On s’y retrouve comme les jurés qui ne peuvent s'appuyer que sur des témoignages et des explications contradictoires. Chacun tente d'apporter des réponses mais les interrogations abondent toujours plus encore. Tel un microscope de la société, militants, intellectuels, notables et personnes de la vie ordinaire se croisent et se confrontent. Filmé dans un cadre étroit, le tribunal exigu a des allures de ring de boxe sur lequel s'affrontent deux idéologies. Pour incarner le combattant aguerri, Arieh Worthalter dégage une énergie indomptable. Ce format et la sécheresse de la mise en scène donnent l’aspect d’un enfermement : rapprochées et condensées, les tensions sociales s’échauffent et semblent prêtes à exploser. Au-delà de l’affaire Goldman, on se retrouve face à nos propres idéaux, nos engagements, et on pense forcément à nos actes manqués.