LE TECKEL
Du 19/10/2016 au 22/11/2016
PRIX DU JURY • FESTIVAL DU FILM AMÉRICAIN DE DEAUVILLE 2016
Amusé et désespéré, le réalisateur américain Todd Solondz signe avec Le teckel, film à sketches qui suit la vie d’un chien vagabondant de maîtres en maîtres, une comédie percutante et originale. Cocktail coloré de personnages burlesques ou éplorés, Le teckel est un film grinçant sur le temps qui passe, une élégie délurée qui a pour seule constante ce chien, cette saucisse qui marque de sa présence quatre vies plus ou moins proches de la mort. C’est d’ailleurs cette mortalité qui ponctue le film : le premier est un jeune enfant qui vient de guérir d’un cancer et qui reçoit un chien pour lui tenir compagnie; le dernier est une vieille femme, confrontée à ses regrets, à qui il ne lui reste plus que ce chien qu’elle a nommé « cancer ». La quête d’un foyer entrepris par ce toutou alimente donc le film en individus déçus ou décevants, parfois les deux. Et avec ce pathétisme farceur, le réalisateur se régale des échecs et des solitudes pour mieux s’attaquer à une Amérique déboussolée. Absence de jouissance et overdose de frustration, Todd Solondz filme une complainte qui réjouit le spectateur, osant les travellings scatophiles sur du Debussy et des attentats canins…
Créatif et habile dans sa mise en scène, Le teckel se pare d’une photographie pastel dans un décor qui sonne faux. Dans cet écrin plastique génial, univers factice et ennuyeux moqué par le cinéaste, ce dernier crée de l’émotion ou du rire, ironisant sur chaque mésaventure de ses personnages. Ambitieux et drolatique sur la forme, émouvant sur le fond, le dernier film de Todd Solondz est une vraie belle réussite.
(d’après Grégoire Lemaître • CinéSériesMag)