LES HARKIS
Du 12/10/2022 au 14/11/2022
QUINZAINE DES RÉALISATEURS • FESTIVAL DE CANNES 2022
Fin des années 50, début des années 60, la guerre d’Algérie se prolonge. Salah, Kaddour et d’autres jeunes Algériens sans ressources rejoignent l’armée française, en tant que harkis, sous les ordres du lieutenant Pascal. Le conflit avance et laisse peu à peu entrevoir l’indépendance prochaine de l’Algérie, rendant le sort des harkis particulièrement incertain...
Pour la deuxième fois, Philippe Faucon évoque la Guerre d'Algérie : il y a quinze ans déjà, il réalisait La trahison – un titre qui pourrait également s'appliquer à ce film-ci. Les harkis aborde un sujet délicat, celui de soldats ayant combattu leur propre population. Beaucoup étaient des paysans appauvris par le conflit qui y voyaient un moyen de survie. D’autres étaient d’anciens « fellaghas » : ces combattants indépendantistes ralliés par la force se retrouvaient alors dans une position profondément schizophrénique. Cet engagement comme supplétifs de l'armée française, censé les aider, se mua en piège. Un plan l’annonce très bien, dès les premières minutes : un Algérien, tout juste enrôlé, est filmé contre un mur, comme s’il allait être fusillé. Avec une belle concision, Philippe Faucon réussit à saisir cette situation complexe et dense : une synthèse d’une qualité rare, qui ne tombe jamais dans le simplisme ni le manichéisme. Le scénario est efficace, la mise en scène âpre : avec fluidité, il nous montre sans détour la violence terrible de cette période. Une rage sourde foudroie ce film dans lequel on essaie de survivre et de s’en sortir tant bien que mal. Les harkis nous rappelle ainsi qu’en temps de conflit, la morale est mise à l’épreuve et que surgissent aussi bien la barbarie que l’humanité.