LES HEURES SOMBRES
Du 03/01/2018 au 13/02/2018
« Quelle est la raison de vivre, si ce n'est lutter pour de nobles causes et faire de ce monde confus un meilleur endroit pour ceux qui y vivront après que nous soyons partis ? » Winston Churchill
À l’aube de la Seconde Guerre Mondiale, contre toute attente, Winston Churchill est nommé Premier Ministre de la Grande-Bretagne. Nous sommes le 10 mai 1940 et le voilà propulsé dans l'arène, entre les tensions politiques internes au gouvernement de l'époque, le scepticisme du Roi – réticent à lui apporter son soutien – et surtout les avancées spectaculaires des forces nazies à travers l'Europe qui commencent à faire craindre une invasion Outre-Manche.
La performance de Gary Oldman est tout bonnement époustouflante. Rugueux et désagréable au premier abord, il dévoile peu à peu toutes les facettes du personnage de Churchill. D'abord buté, presque méprisant vis-à-vis de ses détracteurs, il devient touchant dans l'acceptation de son trouble, de ses doutes et de sa possible impuissance face à une situation exceptionnelle et terrifiante. L'Europe semble perdue. L'Angleterre risque d'être envahie, partout c'est la débâcle, mais est-il possible néanmoins de négocier la paix avec un monstre ? Churchill refuse de s'y résoudre, persuadé qu'il est préférable de mourir au combat plutôt que d'accepter de se plier aux conditions d'un dictateur dont l’inénarrable cruauté est déjà largement perceptible.
Les heures sombres nous invite à découvrir comment cet homme, intronisé premier ministre par la compromission de son parti, arrive à fédérer majorité et opposition et à acquérir une légitimité par ses positions intransigeantes en cette période de crise majeure. Une réussite également rendue possible grâce à un talent d'éloquence que personne ne lui soupçonnait : celui dont on critiquait les marmonnements incompréhensibles devient, grâce à son art de la théâtralisation, un orateur capable de fédérer tout un peuple derrière sa position politique. La mise en scène de Joe Wright nous immerge dans les méandres de la bureaucratie londonienne à travers d’innombrables couloirs qui donnent à l'espace une dimension labyrinthique et des pièces aux plafonds bas qui écrasent les personnages comme s'ils étaient eux-même sur le champ de bataille. Rythmé par le défilement des jours et par l'urgence des situations à affronter quotidiennement, Les heures sombres traque l'histoire cachée derrière la Grande Histoire, celle que l'on connait moins mais qui reste essentielle et terriblement captivante. Nul doute que le film sera présent à la célèbre cérémonie des Oscars, a minima pour le prix récompensant la meilleure interprétation masculine que Gary Oldman devrait remporter haut la main...