LES PIRES

GRAND PRIX UN CERTAIN REGARD • FESTIVAL DE CANNES 2022

VALOIS DE DIAMANT DU MEILLEUR FILM • FESTIVAL DU FILM FRANCOPHONE D'ANGOULÊME 2022

Cité Picasso, Boulogne-sur-Mer dans le Pas-de-Calais. Des visages juvéniles défilent devant une caméra alors qu'un réalisateur leur demande de parler naturellement, de raconter leur vie... Le casting puis le tournage d'un film ne passe pas inaperçu dans le quartier, éveillant craintes et méfiance. Surtout, tout le monde s'étonne : pourquoi n'avoir choisi que « les pires » ?

Mise en abyme riche et complexe, le premier long-métrage de Lise Akoka et Romane Gueret ouvre de nombreuses pistes de réflexion autour des rapports entre le cinéma et la réalité qu'il tente de retranscrire. Les pires est ainsi en permanence en équilibre sur un fil ténu entre documentaire et fiction, entre le réalisme et sa représentation, entre les intentions et les moyens mis en œuvre pour les réaliser. Ce pourrait être un traité sociologique empesé, il n'en est rien : les deux cinéastes restent au plus près de leurs personnages pour dévoiler avant tout leur humanité. Si leur regard est bienveillant, il n'élude pas pour autant les failles, les erreurs, les manipulations et la violence. Les pires renouvelle ainsi avec humilité le cinéma qu'on qualifie de « social » : en se faisant juge et partie du film en train de se faire, il questionne sa propre pertinence et la légitimité de son approche. S'il faut chercher une réponse aux interrogations passionnantes qu'il soulève, c'est sans nul doute dans sa manière de filmer ses jeunes comédien-ne-s qu'elle se trouve. Ils embrasent l'écran de leur présence spontanée, de leur beauté singulière, de leur émotion brute : pour Les pires, ils donnent le meilleur !