LES REINES DU DRAME

SÉANCE SPÉCIALE, SEMAINE DE LA CRITIQUE • FESTIVAL DE CANNES 2024

2055. Steevyshady, youtubeur survolté et botoxé, revient sur sa jeunesse et raconte le destin incandescent de son idole, la diva pop Mimi Madamour. Au début des années 2000, Mimi, jeune fille angélique, participe au casting d'un télécrochet. Elle y rencontre Billie, punk rebelle qui se fait virer des auditions pour avoir hurlé sur les jurés. Le coup de foudre est immédiat. Alors que Mimi gravit peu à peu les marches du succès et subit le formatage marketing de rigueur, Billie sombre dans la colère... Pendant un demi-siècle, ces reines du drame vont chanter leur passion et leur rage sous le feu des projecteurs.

Voici un film qui ne ressemble à aucun autre. Pour son premier long-métrage après plusieurs courts remarqués – De la terreur, mes soeurs et Les démons de Dorothy notamment – Alexis Langlois signe une fresque aussi originale que flamboyante. Mélodrame musical mêlant toutes sortes de références et de registres d'images, Les reines du drame construit son propre univers, dans lequel « bon » et « mauvais » goût cohabitent joyeusement. Britney Spears y côtoie Georges Cukor, l'imagerie télévisuelle s'entrechoque aux vidéos youtube, l'hommage aux divas oubliées se double d'une critique d'un star system impitoyablement normatif. Ce patchwork volontiers outrancier apparaît pourtant cohérent, réfléchi jusque dans ses moindres détails. Le film ose un premier degré rafraîchissant, qui n'exclut pas l'humour, à l'image des chansons qui jalonnent le récit – composées par Rebeka Warrior, Yelle, Louise BSX ou encore Mona Soyoc du duo KaS Product. Porté par une énergie contagieuse, Les reines du drame est tout à la fois libre, queer, nostalgique, engagé et, surtout, enthousiasmant.