LES SÉMINARISTES
Du 02/06/2021 au 22/06/2021
« Pour aborder le sujet du conflit moral que pose la collaboration avec le régime, j’ai choisi le contexte d’une école de théologie, parce que c’est un lieu où ce conflit prend une intensité extrême. L’’histoire de l'église est édifiante, car les prêtres ont apporté une vraie légitimité au régime avec leur appartenance à Pacem in Terris. Le film ne cherche pas à apporter des réponses, mais à pousser chacun à réfléchir. Je veux que le public comprenne combien il est aisé de se retrouver du mauvais côté de l’histoire. » Ivan Ostrochovský
En Tchécoslovaquie au début des années 1980, le régime communiste musèle l’église. Deux jeunes séminaristes devront choisir entre la soumission à la police secrète ou la fidélité à leurs convictions qui pourrait leur coûter la vie.
La première chose qui frappe en découvrant Les séminaristes, c’est son extraordinaire beauté. Une voiture s’enfonce dans une nuit d’un noir profond : on ne sait guère si la lumière qui la frappe est divine ou infernale mais un lyrisme formel s’invite puissamment dès cette première séquence. Quelques plans suffisent ainsi à créer un sentiment d’étrangeté, d’inconfort : Les séminaristes installe une atmosphère de secret particulièrement cinégénique. La menace sourde est soutenue par une véritable tension horrifique, même si celle-ci n’est que suggérée. Au sentencieux film d’époque figé dans ses postures, Ivan Ostrochovský semble préférer un étrange thriller qui vibre du premier au dernier plan. Son film évoque un totalitarisme sur le point d’avaler un monde entier et de le plonger dans la nuit. Si ce crépuscule apporte son indicible tension au long-métrage, ses qualités d’écriture font également merveille. Ses scènes paraissent volontairement trop courtes, comme s’il manquait un élément de contexte, une résolution. Ce choix de l’ellipse imprime un tempo bizarre qui – à l’image du récent Cold war de Pawel Pawlikowski – donne aussi au film un vif souffle romanesque : une expérience hypnotique dont on ressort stupéfaits.
(D'après Nicolas Bardot • lepolyester.com)