LES SIFFLEURS

SÉLECTION OFFICIELLE, EN COMPÉTITION • FESTIVAL DE CANNES 2019

Cristi, inspecteur de police de Bucarest corrompu par des trafiquants de drogue, est soupçonné par ses supérieurs et mis sur écoute. Aveuglé par la sulfureuse Gilda, il se voit embarqué sur l’île de la Gomera où il est contraint d'apprendre (vite !) le Silbo, une langue sifflée ancestrale. Pour quelle raison ? Ses amis mafieux comptent sur lui pour sortir d'une prison roumaine un de leurs compères et ainsi récupérer des millions cachés quelque part... Leur plan était presque parfait, mais l'amour va se mêler à l'affaire et sérieusement compliquer les choses...

Corneliu Porumboiu change radicalement de style, sans renoncer toutefois à son humour décalé et à sa réflexion sur le cinéma. Les siffleurs est un film noir rythmé, avec flic ripou, femme fatale, mafieux à la gâchette facile et scènes d’action : poursuites, bastons, fusillades... Rien ne manque ! Tous les films de Porumboiu, qu’ils relèvent de la fiction ou du documentaire, sont des réflexions sur la mise en scène. Les siffleurs ne fait pas exception avec ses images de vidéo-surveillance qui transforment les policiers en voyeurs ou encore une interpellation en flagrant délit dont le « scénario » minutieusement préparé ne se déroule pas comme prévu. La mise en abyme du cinéma est, ici, franchement ludique : le réalisateur s’amuse avec les codes du film noir, qu’il cite ouvertement pour notre plus grand plaisir ! Les personnages, obsédés par un butin à récupérer ou des gangsters à mettre hors d’état de nuire, n’ont pas de temps à perdre en débats sémantiques. Porumboiu signe ainsi un divertissement de haute volée, inventif et très plaisant.

(D'après Samuel Douhaire • Télérama)