LOST COUNTRY
Du 11/10/2023 au 31/10/2023
PRIX DE LA RÉVÉLATION À JOVAN GINIC • SEMAINE DE LA CRITIQUE 2023
Quand on découvre Stefan, 15 ans, il est assis au sommet d’un arbre. Le regard déjà tourné vers l’avenir, il reste très proche de son grand père et vient l’aider dans son verger. Sa mère, Maklena (un double hommage à Marx et Lénine !), travaille à la ville comme porte-parole du régime de Slobodan Milosevic. Nous sommes en 1996 et la Yougoslavie n’existe déjà plus en tant que telle. Au lendemain d’élections assurant la victoire à la majorité pro-occidentale et progressiste, l’ancien président et son parti assurent que les résultats ont été truqués et les falsifient pour obtenir un troisième tour. La colère du peuple monte et la mère de Stefan devient l’un des visages d’un pouvoir autoritaire. L’adolescent se retrouve dans une situation indélicate : choisir entre ses amis de plus en plus engagés et sa mère, figure politique d’un mouvement de plus en plus violent.
Quatorze ans après son premier long-métrage Ordinary people, Vladimir Perišić fait le récit d’apprentissage d’un adolescent tiraillé entre une nouvelle conscience politique glanée auprès d’amis lycéens et une loyauté affectueuse envers sa mère qui s’avère ne pas être forcément du bon côté de l’Histoire. Soulignant la banalité du mal, Lost country – co-scénarisé par Alice Winocour – raconte cette situation avec une limpidité qui vient paradoxalement mettre en lumière toute son ambiguïté : un film accessible, solide, qui résonne intelligemment avec aujourd’hui.
(D'après Adrien Roche • lebleudumiroir.fr)