MA LOUTE
Du 15/06/2016 au 19/06/2016
Sélection officielle, en compétition
Festival de Cannes 2016
C'est l'apothéose de la transformation d'un cinéaste que l'on savait magnifiquement inspiré mais que d'aucuns trouvaient plombant : Bruno Dumont, cinéaste nordiste réalisateur de films splendides mais n'invitant pas franchement à la rigolade, est devenu le roi de la comédie policière déglinguée depuis P'tit Quinquin, mini série pour Arte où des sales gosses, sorte de Club des Cinq ch'ti et trash, suivaient l'enquête maladroite de flics d'opérette sur des crimes commis entre les blockhaus de la Côte d'Opale. Ma loute creuse ce sillon en l'amplifiant, en lui donnant une dimension dantesque : c'est à la fois tordant et terrifiant.
Nous sommes en 1910 dans la baie de Slack, quelque part entre Boulogne sur Mer et Calais, lieu de villégiature estivale pour les bourgeois de la métropole lilloise qui viennent profiter des bains de mer et des falaises offrant une vue imprenable sur les côtes britanniques. Les Van Peteghem font partie de ces envahisseurs privilégiés. Mais leur séjour va être perturbé par de mystérieuses disparitions en série de touristes, sur lesquelles enquête un duo de limiers aussi gauches qu'imbéciles, les Laurel et Hardy de la police locale. Se pourrait-il que les Beaufort, famille de pêcheurs de moules de la baie – qui, idée surréaliste, font aussi office de porteurs pour les estivants qui ne veulent pas se mouiller les pieds –, aient quelque chose à se reprocher ? La relation naissante entre Ma Loute, le fils des pêcheurs, et Billie Van Peteghem, qui s'habille en fille dès qu'il (elle ?) en a l'occasion et qui dégage un charme pour le moins troublant, a-t-elle un lien quelconque avec l'affaire ? Nous n'en dirons pas plus tant le scénario réserve quelques surprises… que nous qualifierons pudiquement de perturbantes…