MI BESTIA
Du 04/09/2024 au 24/09/2024
SÉLECTION ACID • FESTIVAL DE CANNES 2024
Bogotá, 1996. La fête de la Lunada approche, elle aura lieu en même temps qu'une éclipse de lune. Pour beaucoup, cette nuit qui verra le ciel s'illuminer de rouge annonce l'arrivée du Diable. Les disparitions récentes de jeunes filles en seraient d'ailleurs la preuve... Tout le monde ne parle que de cela et la population est effrayée. Mila, adolescente, sent des changements dans son corps autant que dans les regards portés sur elle. Ne serait-elle pas impactée par cette prophétie ?
Pour son premier long-métrage, Camila Beltrán construit un récit d'initiation nimbé de fantastique. Elle en assume les nombreuses références, qu'elles soient anciennes – Carrie, le bal du diable – ou récentes – Tiger stripes. Elle trouve cependant sa singularité dans son enracinement dans la société colombienne : son folklore, son imaginaire, ses croyances et le poids qu'y exerce encore aujourd'hui la religion. Elle ose aussi des parti-pris formels proches du cinéma expérimental : Mi bestia est ainsi majoritairement tourné dans une cadence plus « lente » qu'habituellement (8, 12 ou 16 images par seconde plutôt que 24), procédé original qui renforce l'étrangeté de son atmosphère. Dans une Bogotá partagée entre son urbanité saturée d'écrans de télévision et la forêt sauvage encore présente au coeur de la ville, Mila découvre tout à la fois sa féminité, la force de la sororité et la prédation masculine. En s'inspirant de ses propres souvenirs, Camila Beltrán nous dévoile une Colombie métissée, organique, magique, peu montrée au cinéma. À travers les yeux de sa jeune héroïne, superbement incarnée par une comédienne non professionnelle, elle nous offre un conte qui cache sous sa noirceur et son mystère un paysage inédit, empli d'espoir pour les femmes comme pour la jeunesse.