NERUDA
Du 04/01/2017 au 14/02/2017
Pablo Larraín n’a de cesse de revenir film après film sur l’histoire de son pays, le Chili. Il s’intéresse ici à la figure de l’immense poète Pablo Neruda, Prix Nobel de Littérature en 1971. Il décide de centrer son histoire sur la fin des années 40, au moment où Neruda, alors sénateur communiste, est déclaré traître au régime populiste en place qui lance à ses trousses un policier obsessionnel, Oscar Peluchonneau.
Cette course-poursuite fantasmée est le corps et le cœur du film. De Santiago à la Cordillère des Andes, Pablo Neruda se cache, s’échappe, se joue du policier qui arrive toujours trop tard, ne trouvant que les traces laissées par le poète pour le narguer. Car ce sont moins les faits qui intéressent Pablo Larraín que l’imaginaire qui entoure Neruda. S’il n’hésite pas à traiter le personnage avec ironie et dérision – le mettant en scène débattant avec un opposant dans une pissotière, ou déclamant à plusieurs reprises son poème d’amour le plus célèbre dans des soirées mondaines – c’est pour mieux montrer la puissance de ses vers et leur impact sur tout un peuple. Poème visuel caustique et irrévérencieux, hommage aux films noirs, Neruda est un antibiopic aussi déroutant qu’éblouissant qui doit beaucoup à l’interprétation de ses deux acteurs : Luis Gnecco campe un Neruda gouailleur, charismatique et malicieux face à un Gael García Bernal aussi inquiétant que facétieux.
L’autre personnage principal du film, ce sont les mots de Neruda. À l’instar du Paterson de Jim Jarmusch (également programmé au Cosmograph), Neruda exalte autant dans la forme que sur le fond l’importance de la poésie, dévoilant en vers l’envers d’un artiste majeur dont l’héritage littéraire reste vivace.