NI CHAÎNES NI MAÎTRES
Du 18/09/2024 au 03/11/2024
Massamba est un esclave privilégié. En 1759, sur l'Isle de France (actuelle île Maurice), il est le mieux traité par Eugène Larcenet, propriétaire d'une plantation de canne à sucre. À la gauche de son maître quand il faut traduire ses paroles, présenté en exemple aux invités prestigieux, Massamba est détesté de ses confrères qui le croient docile au statu quo. Sa fille Mati est également esclave à la plantation. Une nuit, elle s'enfuit. Pour la retrouver, on fait appel à Madame La Victoire, célèbre chasseuse d’esclaves dont les talents ne sont plus à prouver. Massamba s'échappe à son tour pour tenter de sauver Mati.
Pour sa première réalisation, le scénariste Simon Moutaïrou prend à bras-le-corps le sujet brûlant de l’esclavagisme. Avec une préparation documentaire dense et rigoureuse, il dresse un portrait de l’Empire colonial français dans lequel enjeux économiques et valeurs sociétales ont généré un racisme institutionnalisé. Mais il n’y a pas que ça. Tourné en partie en langue wolof, majoritairement parlée au Sénégal d’où sont originaires de nombreux esclaves, le film est empreint de la culture et des croyances de ses protagonistes. La chasse à l’homme s’en retrouve enfiévrée, aux confins d’un mysticisme insoupçonné. Si nous ne sommes pas égaux en droits, nous ne le sommes pas davantage dans la jungle. Après Pacifiction, Benoît Magimel joue ici un colon archaïque et violent. Plus surprenant, Camille Cottin campe une chasseuse d'esclaves froide et redoutable. Surtout, Ibrahima M'Baye embrase le film et nous emmène avec lui dans ce voyage au bout d’une île.