NOPE
Du 31/08/2022 au 27/09/2022
Méfiez-vous des nuages, et en particulier de ce qu'ils cachent… Une mystérieuse menace plane au-dessus d’un ranch californien isolé. Létale, ni tout à fait organique, ni tout à fait technologique, elle vient d’un autre monde pour semer la terreur...
Après Get out et Us, Jordan Peele revient avec un film-ovni, dans tous les sens du terme. D’abord parce qu’il s’agit d’une rencontre du troisième type, encore plus énigmatique – et inquiétante – que celle qu’imaginait Steven Spielberg en 1977. Ensuite parce que l'entité extraterrestre, entre soucoupe volante, méga tube digestif et grand prédateur, hante une production éminemment étrange. Un gaillard taiseux, éleveur de chevaux en perpétuelle bisbille avec sa sœur, se retrouve en effet à l’épicentre d’un genre presque neuf, voire expérimental : l’horreur méditative. Place aux grands espaces creusés de silence, à un parc d’attractions miteux sur le thème du western, au bruit blanc des appareils électriques avant chaque manifestation de la « chose »...
Sorte d'aspirateur aérien géant, arrachant hommes, bêtes et objets à la pesanteur pour les recracher sous forme de pluie acérée et sanguinolente, l’ovni vorace n'attaque que quand il est regardé. Or, tout le monde veut « capturer » le phénomène pour en tirer profit, par tous les moyens : des téléphones portables aux caméras de surveillance en passant par les vieilles bobines de films. Métaphore sur la société du spectacle et sur notre fascination pour les images, dans ce qu’elle a de plus dangereux – un vide abstrait, qui gobe et digère tout ce qui passe à sa portée – mais aussi de plus mystérieux, Nope rend hommage à la puissance onirique du cinéma. Jordan Peele propose également une réappropriation militante et culturelle des mythes hollywoodiens : les personnages principaux sont ainsi des cow-boys noirs, tout comme l’était le premier cavalier imprimé sur pellicule que l’on aperçoit sur d’authentiques images d’archives...
(D'après Cécile Mury • Télérama)