NOTRE DAME DU NIL
Du 05/02/2020 au 24/02/2020
D'après le roman de Scholastique Mukasonga
1973, dans la campagne rwandaise, un prestigieux institut catholique est perché sur une colline dans un espace paradisiaque et luxuriant. Cet établissement accueille des jeunes filles de bonne famille pour parfaire leur éducation. Elles sont destinées à devenir l'élite du pays. Des quotas imposent aux institutions comme celles-ci d'accepter quelques élèves Tutsi qui sont parfaitement intégrées au groupe. Mais ce petit paradis n'est pas seul au monde et, peu à peu, s'immiscent dans ses rangs les discours discriminants et les a priori racistes qui mèneront au génocide que l'on connaît...
Pour la première fois, Atiq Rahimi adapte un roman dont il n'est pas l'auteur : il s'est immergé dans la culture rwandaise et a travaillé en étroite collaboration avec Scholastique Mukasonga pour mener ce projet à bien. Le roman contenait déjà les thématiques chères au cinéaste, particulièrement le rapport entre le sacré et la violence. L'implication coloniale et son éventuelle part de responsabilité ne sont pas occultées. Comme on enseigne à ces jeunes filles l'Histoire française, on leur transmet une certaine image de la réussite et de l'ascension sociale. Le colon incarné par Pascal Greggory représente alors une possible émancipation, douteuse et gênante. La violence étouffée, latente, que l'on sent grandir à mesure que le récit se déploie est amplifiée par l'esthétique maîtrisée, classique et soignée de Notre-Dame du Nil. En nous racontant un morceau de l'histoire du Rwanda, c'est un discours plus universel qu'Atiq Rahimi nous laisse percevoir : la manière dont le poison se répand, insidieusement, jusqu'à aboutir aux pires atrocités.