OLEG
Du 30/10/2019 au 18/11/2019
QUINZAINE DES RÉALISATEURS • FESTIVAL DE CANNES 2019
Oleg débarque à Bruxelles pour travailler dans une usine de viande. Venu de Lettonie, il espère gagner en Belgique un salaire décent et ainsi éponger les dettes qu’il a laissées au pays. Trahi par un collègue et accusé à tort d’avoir commis une faute, Oleg perd son emploi et tout espoir de s’en sortir... Andrzej, immigré polonais, lui propose alors de l’aider à trouver un nouveau job. Oleg accepte la main tendue avant de découvrir que derrière son apparence de type jovial et charitable, Andrzej trempe dans des affaires louches et veut profiter de la vulnérabilité d’Oleg pour l’entraîner dans ses combines. Piégé dans une spirale de plus en plus malsaine, Oleg va devoir se battre pour sortir de cette emprise.
Filmé caméra à l’épaule, au plus près de ses personnages, dans un format carré, Oleg nous enferme avec son personnage dans un univers claustrophobe, celui des laissés-pour-compte du rêve européen. La charge est acerbe : les pays les plus aisés profitent sans vergogne des immigrés les plus démunis, dans une situation qui pourrait être qualifiée d’esclavagisme moderne. À ce titre, la situation d’Oleg est particulièrement délicate : il est en effet considéré comme un « non-citoyen » en Lettonie, une spécificité héritée de la période soviétique dans laquelle des étrangers sont venus travailler dans le pays à l’invitation du gouvernement sans jamais devenir des citoyens à part entière. Sans nationalité, isolé, ne parlant que sa langue et quelques bribes d’anglais, Oleg fait ainsi figure de proie idéale. D’un réalisme glaçant, le film de Juris Kursietis est aussi traversé d’échappées oniriques et de séquences métaphoriques : une œuvre puissante et inquiétante qui rend compte de la violence d’une réalité méconnue mais qui n’est pas pour autant dénuée de beauté et d’espoir.