Point limite zéro
Du 04/05/2016 au 20/07/2020
sur un sujet de Malcolm Hart
Ce Vanishing point méconnu est un parfait exemple de ce que le cinéma américain marginal des années 1970 nous a donné de plus excitant : des films purement physiques, des films de mouvement et d’espace qui portaient en eux une contestation radicale de la société établie, qui carburaient à la subversion rageuse, au refus romantique de rentrer dans le rang.
Le dispositif est d’une simplicité redoutablement efficace : un homme, une bagnole, la route. Celui qui tient le volant s’appelle Kowalski. La caisse est une Dodge Challenger modèle 1970 au moteur sur-compressé : 200 km/heure comme qui rigole. Distance à parcourir : 2000 kilomètres, entre Denver et San Francisco. En quinze heures !
Pourquoi en quinze heures ? Qu’est ce qui fait foncer Kowalski ? Rien. Si ce n’est le pari qu’il a pris avec un pote, le défi qu’il s’est fixé à lui-même de rallier San Francisco à l’heure dite.
Pourquoi ce pari, pourquoi ce défi ? On ne saura jamais vraiment, on aura juste quelques bribes d’information à travers les rares flash-back qui nous dévoilent des pans de son passé : vaillant soldat au Vietnam, bon flic dégoûté par la veulerie d’un chef soudard, pilote automobile anonyme mais considéré par ses pairs comme un seigneur du volant. Plus une histoire d’amour qui a tourné au tragique… On comprend qu’aujourd’hui il est livreur de voitures, d’une côte à l’autre des États Unis… Des bribes, juste de quoi esquisser le portrait d’un type revenu de tout mais prêt à partir n’importe où, pourvu que ça pulse, pourvu que ça fonce. Et pour foncer, ça fonce !
Kowalski prend la route, au sens plein du terme : il l’empoigne, il la possède, il roule comme un forcené. Évidemment la police s’en mêle. Et, lasse d'être ridiculisée, finit par employer les grands moyens : six voitures, un hélicoptère, c’est le branle-bas de combat, la chasse au dingue du volant, à l’enragé de la vitesse est ouverte…
Et le périple de Kowalski prend un virage mythique lorsque l’animateur d’une station de radio locale, Super Soul, DJ noir, aveugle et psychédélique, s’en empare et le raconte sur les ondes en termes enflammés. Super Soul improvise en direct le récit de la légende et Kowalski en devient le héros malgré lui…
Où s’arrêtera la course folle ? Il faut s’embarquer avec Kowalski pour le savoir, et être prêt à aller jusqu’au bout de cette échappée lyrique et prémonitoirement « no future »…