RODEO
Du 07/09/2022 au 03/10/2022
COUP DE CŒUR DU JURY UN CERTAIN REGARD • FESTIVAL DE CANNES 2022
Julia vit de petites combines et voue une passion dévorante à la pratique de la moto. Quand elle rencontre une bande de motards adeptes du cross-bitume, elle y voit l'opportunité d'infiltrer ce milieu clandestin – et majoritairement masculin...
Rodeo est avant tout habité par une héroïne au caractère fort, indomptable. Tête brûlée, Julia ne se laisse jamais cerner dans un cadre, qu’il soit social ou cinématographique : comme une moto dans un rodéo urbain, elle occupe l’espace puis se dérobe, sans cesse en mouvement, détonante. Ce personnage de « femme voyou » navigue entre les genres, questionne les codes et déconstruit les archétypes. Face à elle, une autre protagoniste féminine est en quelque sorte son exact opposé. Ophélie est la compagne de Domino, le chef de la bande, avide d’argent et de puissance, qui envoie ses ordres depuis sa cellule de prison. Dépendante économiquement de son mari, elle ne vit que pour s’occuper de leur fils et de leur maison en son absence. Antonia Buresi a travaillé sur le scénario du film plusieurs années durant avant d'interpréter ce personnage. La rencontre entre Julia et Ophélie va être la source d’apaisement de l’histoire et y apporter une certaine douceur, comme si le film se mettait alors à ralentir... Car Rodeo est animé par la vitesse, celle des deux-roues parcourant furieusement le bitume autant que celle de Julia brûlant ardemment son existence. Avec ce premier long-métrage grisant, Lola Quivoron nous adresse une vibrante envie de liberté, retentissant point de départ de sa future filmographie.
« On a très vite associé mon film aux rodéos urbains, aux rodéos sauvages, des termes qui qualifient une pratique dangereuse, qui a lieu sur la voie publique, au milieu des voitures et des piétons. Or je ne mets en scène aucun rodéo urbain. On ne voit pas de riders rouler en ville dans mon film, pas non plus de course-poursuite avec la police qui n’apparaît jamais. Il s’agit dans mon film de cross bitume, aussi appelé bike life. Il y a plusieurs manières de pratiquer le cross bitume. Celle que je connais le mieux et que j’ai longuement investie, c’est celle qui se déploie sur des routes sans circulation, qui sont parfois à des kilomètres des centres-villes. Les riders se rendent en groupe sur ce qu’ils appellent des lignes d’entraînement, avec leur camion, dans lequel ils chargent leur bécane. Ils évitent ainsi d’emprunter la voie publique sur leur engin non homologué, et de s’exposer aux multiples dangers que cela implique. Ces lignes d’entraînement sont des routes, sans passage de piétons, ni de voitures, très souvent situées dans des zones industrielles ou sur des pistes bitumées en pleine campagne. Ce sont des espaces vides qu’ils occupent et s’approprient le temps d’une journée. Ce sont ces passionnés-là, acrobates virtuoses du bitume, qui m’ont intéressée et que je mets en scène dans Rodeo. On ne peut pas dire que je fais l’apologie du rodéo urbain et sauvage puisqu’il n’y en a tout simplement pas dans mon film. » (Lola Quivoron, leparisien.fr, 25 juillet 2022)